Entouré de ses tutelles institutionnelles, de ses partenaires historiques et de nombreux porteurs de projets, le FFEM a souhaité faire de cet anniversaire bien plus qu’un simple moment commémoratif. Ce fut une occasion d’introspection, de transmission et de co-construction avec l’ensemble des forces vives qui ont construit et font perdurer cette « institution financière si particulière », comme l’a souligné Barbara Pompili, nouvelle Ambassadrice pour l’Environnement.
La force des partenariats, la conviction d’être réunis autour d’une même vocation et d’un même engagement, ont été palpables dès les premières minutes de la soirée. Une atmosphère chaleureuse et conviviale a aussitôt enveloppé la salle, illustrant l’unité et la bienveillance qui ont marqué l’ensemble de la soirée.
Rapidement, le sentiment d’être tournés vers une direction similaire fut mis en évidence lors de la lecture du poème « Un point bleu pâle » de Carl Sagan :
Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes.
Car il s’agissait, en amont, de rappeler ce qui réunissait les participants : la volonté de lutter contre les changements climatiques, la destruction de la biodiversité et de trouver des solutions ensemble pour préserver le Vivant. Et il a suffi de quelques minutes de circulation du micro dans la salle, au cours duquel chaque invité a pu esquisser en une phrase sa perception du FFEM dans 10 ans, pour se rendre compte que tous les regards étaient tournés dans la même direction : un FFEM qui maintient ses principes d’action, fait preuve de plus d’audace et dispose de plus de moyens, pour parvenir à porter encore davantage d’innovations environnementales et sociales.
Après l’ouverture prononcée par Stéphanie Bouziges-Eschmann, Secrétaire générale du FFEM, Claire Cheremetinski, Directrice générale adjointe à la Direction générale du Trésor, a introduit la cérémonie en soulignant la contribution du FFEM à l’expertise et à la diplomatie environnementale françaises:
Les réalisations concrètes du FFEM sont remarquables, et contribuent à diffuser les meilleures solutions : ce Fonds contribue activement aux grands évènements internationaux de l’environnement, auxquels le FFEM saura mettre en avant des projets exemplaires. Le FFEM, ce sont 500 millions d’euros depuis 1994, qui ont contribué à financer des projets dont le budget total atteint près de 5 milliards d’euros, qui démontrent l’effet de levier de ce fonds. Le FFEM est une culture d’innovation et une culture d’évaluation. Les projets menés entre 2023 et 2024 ont, par exemple, été jugés innovants à 95%, par le biais d’évaluations a posteriori.
Monique Barbut, première Secrétaire générale du FFEM, est revenue sur le contexte de sa création et sur la singularité de son approche, dès ses débuts :
En 1994, je me rends compte très rapidement que (…) la façon de réfléchir dans ce Fonds est très différente de la façon de réfléchir dans le système d’aide publique au développement qui prévaut à l’époque. Je ne retrouvais aucun des fonctionnements qui étaient les nôtres. On voulait montrer que l’on pouvait faire des choses très innovantes avec une participation partagée aux coûts. de financement : d’où la gouvernance partagée du FFEM. Cette gouvernance partagée est unique en France, encore aujourd’hui (…), elle comprend tous les acteurs de l’aide publique au développement, l’ensemble des Ministères, un conseil scientifique, une consultation auprès des ONG, un comité de pilotage qui diffère des Conseils d’administration classiques…. Il fait partie du paysage de l’Aide Publique au Développement PD française, pour un certain nombre de projets innovants faits dans le passé, et il faut absolument préserver ce bijou.
L’originalité du FFEM et sa posture collaborative vis-à-vis de ses partenaires ont également été mises en lumière par Elisabeth Claverie de Saint-Martin, Directrice générale du CIRAD :
Le FFEM est un acteur qui fait confiance. Pour des projets biscornus, il donne sa confiance pour tester des choses (…), qui ensuite deviennent des projets de développement. Aussi, il agit en laissant les scientifiques être des scientifiques, en laissant le temps aux projets qui en ont besoin d’être robustes, le tout en mettant en avant certaines valeurs, notamment pour préserver les communautés locales, soutenir les plus vulnérables et les plus dépendants de la biodiversité… Ce sont des choses que l’on [le CIRAD] a trouvé chez vous.
Tout au long de la soirée, des partenaires de longue date ont illustré par leurs témoignages les valeurs incarnées par le FFEM et sa valeur ajoutée parmi les bailleurs de fonds.
Zouhair Amhaouch, Chef du Département des Parcs Nationaux et des Aires Protégées au sein de l’Agence nationale des eaux et forêts du Maroc, a évoqué l’intervention du FFEM il y a 25 ans en appui à la création du parc National d’Ifrane, en soulignant l’apport de l’expertise française, et comment ce projet pilote a posé les fondations d’un programme d’ampleur qui se déploie aujourd’hui en partenariat avec le Groupe AFD et Expertise France à l’échelle du Maroc entier.
Marco Cerezo, Directeur général de FundaEco, ONG guatémaltèque de préservation de l’environnement, a salué l’attention du FFEM à l’inclusion des communautés locales et à l’intégration des dimensions de développement socio-économique dans les projets de conservation de la biodiversité, tout en valorisant la confiance et la flexibilité accordées aux acteurs de terrain. Emilie Fairet, Directrice France de la Wildlife Conservation Society, a rappelé le rôle pionnier du FFEM sur les enjeux de haute mer, et sa capacité à explorer des thématiques émergentes, comme le montre le soutien actuel à un projet sur la pollution acoustique en mer dans l’Océan Indien.
Par ailleurs, les prises de parole ont dépassé le simple témoignage : elles ont esquissé des visions d’avenir pour le FFEM, soulignant son potentiel pour continuer à innover pour l'environnement et le développement. Carlos Manuel Rodriguez, CEO du Fonds pour l’Environnement Mondial, a resitué le FFEM dans un monde en mutation, où sécurité et environnement deviennent de plus en plus interdépendants :
En 2035, face aux divers chocs exogènes, promouvoir la robustesse et la régénération non seulement des systèmes naturels, mais aussi des arrangements institutionnels et des structures sociales, qui gèrent et dépendent d’un environnement sain, doivent devenir centraux dans l’approche du FFEM.
Dans cette même perspective, Sébastien Treyer, Président du Comité Scientifique et Technique du FFEM depuis plus de dix ans, projette le FFEM comme un acteur moteur pour repenser les relations multilatérales, dans un monde en proie aux déséquilibres environnementaux et géopolitiques :
Le FFEM a cette idée centrale, qui est celle d’être un poisson pilote à l’écoute des acteurs de la société civile, des associations, des gouvernements, des collectivités locales… Or, nous avons besoin de nouer de nouvelles alliances, à l’heure où la géopolitique va s’imposer de manière très forte. Le FFEM peut trouver des chemins, car il dispose de qualités qui permettraient de créer des relations multilatérales pensées avec les pays du Sud, et non à leurs dépens.
Rémy Rioux, Directeur général de l’Agence Française du Développement, a lui aussi souligné l’audace du FFEM et sa capacité à ouvrir des voies nouvelles pour l’AFD et les autres bailleurs internationaux :
Depuis 30 ans, le FFEM a su détecter des sujets frontières, stratégiques, et s’engager là où peu d’acteurs étaient présents. Il a ainsi été l’un des premiers à s’investir sur la Haute Mer, il y intervient depuis plus de 10 ans, ouvrant la voie à d’autres acteurs du financement durable, dont l’AFD, qui s’apprête à financer un pilote d’aires marines protégées en haute mer.
Enfin, Barbara Pompili, ambassadrice déléguée à l’environnement, a conclu la soirée en formulant des vœux forts pour l’avenir du Fonds :
Pour les 10 ans à venir, je vous souhaite de sortir de l’approche par projets, de trouver ces nouveaux chemins dans le nouveau multilatéralisme. Mais dans votre essence même vous avez réussi recréer le lien entre l’environnement et l’humain, entre le développement et l’environnement.
Ces moments d’échange, qui furent pour les invités l’occasion de partager leurs impressions et idées autour du futur du FFEM, ont permis de tracer ensemble des perspectives pour la décennie à venir. L’investissement de nos partenaires de tous horizons, dans ces instants de réflexion, et leur volonté de penser avec et pour le FFEM, ont rappelé que l’une des grandes forces du FFEM, c’est sa capacité d’être à l’écoute attentive des réalités locales et de fédérer des acteurs locaux autour des grands enjeux internationaux.
Pensé comme un moment de projection collective, cet anniversaire marque une nouvelle étape pour le FFEM. Avec l’énergie de ses partenaires et la richesse de ses 30 années d’expériences, le Fonds est plus que jamais prêt à relever les défis environnementaux de demain.
- Claire Cheremetinski, Directrice générale adjointe à la Direction générale du Trésor
- Monique Barbut, première Secrétaire générale du FFEM
- Elisabeth Claverie de Saint-Martin, PDG du CIRAD
- Emilie Fairet, Directrice France de la WCS
- Zouhair Amhaouch, Chef du Département des Parcs Nationaux et des Aires Protégées au sein de l'ANF Maroc
- Marco Cerezo, CEO de FundaEco
- Manuel Rodriguez, CEO du GEF
- Rémy Rioux, Directeur Général de l’AFD
- Sébastien Treyer, Directeur général de l’IDDRI et président du Comité Scientifique et Technique du FFEM
- Barbara Pompili, Ambassadrice pour l’environnement