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Réserves vitales amazonie
Ce 9 août, à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) revient sur un projet soutenu avec le Ministère français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique (MEF) en partenariat avec l’ONG Conservation International visant à assurer l’intégrité sur le long terme de la forêt amazonienne, indispensables à la stabilité climatique mondiale et à la subsistance des peuples autochtones et des communautés locales.

S’étendant sur neuf pays en développement rapide, l’Amazonie abrite entre 50% et 70% de la biodiversité terrestre et 23% de l’ensemble du carbone irrécupérable sur Terre. Ce sont aussi plus de 350 communautés locales qui vivent sur ce territoire et en dépendent. Malgré son importance environnementale et sociale, le « poumon vert » de la planète est gravement menacé.  À ce jour, la forêt tropicale amazonienne a perdu environ 15% de sa surface totale. Selon les évaluations réalisées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), si cette déforestation se poursuit, la forêt tropicale pourrait atteindre un « point de rupture » où elle ne sera plus en mesure de maintenir ses fonctions de régulation climatique et se transformera en savane.

Afin de contribuer à la préservation de ce hotspot de biodiversité mondiale, le carbone irrécupérable et la biodiversité irremplaçable qu’elle renferme, le projet « Réserves Vitales en Amazonie » intervient dans quatre sites pilotes en Bolivie, au Guyana, en Équateur et au Pérou. Ces sites recouvrent un total de 4 752 000 hectares, abritent plus de 234 millions de tonnes de carbone irrécupérable et concernent plus de 6000 habitants.

Réserves vitales amazonie
Zones d’intervention du projet en Amazonie


 
Lancé officiellement pendant la COP 28 à Dubaï, l’objectif du projet « Réserves Vitales en Amazonie » est de contribuer à la préservation de la forêt amazonienne tout en assurant un meilleur bien-être des communautés locales par la création et la gestion durable de zones protégées en tant que réserves vitales. Ces « réserves vitales » désignent une combinaison d’aires protégées et de territoires indigènes visant à former des corridors de connectivité ou de vastes zones de protection tout en développant des innovations financières pour générer les flux financiers nécessaires à la protection de ces territoires bien au-delà de la durée du projet.

Le projet s’étend de septembre 2023 à septembre 2027, avec un budget de 15,5 millions d’euros. Il entend établir les conditions favorables à leur gestion durable de ces réserves vitales en impliquant activement les communautés autochtones, Gardiens de l’Amazonie.

Réserves vitales amazonie

 

Le Dr M. Sanjayan, PDG de Conservation International, souligne l’importance de ce projet : 

En investissant dans les réserves vitales du monde, le gouvernement français fait progresser la science de demain tout en respectant son engagement audacieux de soutenir les zones protégées et les efforts de conservation locaux et autochtones en Amazonie. Ensemble, nous pilotons un nouveau modèle de partenariat permettant d'exploiter la science et l'action sur le terrain pour maximiser l'impact. Nous devons faire face aux crises du climat et de la biodiversité en tandem, et c'est précisément ce que font les réserves vitales : elles sécurisent le carbone que nous devons protéger pour éviter une catastrophe climatique tout en sauvegardant certains des points chauds de biodiversité les plus riches du monde.

Les principaux résultats attendus incluent :

  • L’établissement de mécanismes de financement durables : Chaque réserve vitale disposera d’un plan de financement à long terme, garantissant une protection continue et pérenne doublée d’une gestion efficace. Ces plans innovants serviront de modèles pour des projets similaires dans la région amazonienne.
  • L’engagement des parties prenantes et le renforcement des capacités : Le projet collabore activement avec les autorités locales ainsi qu’avec les peuples autochtones et les communautés locales (PACL). L’accent est mis sur le renforcement des capacités et la consolidation de la gouvernance locale, favorisant ainsi des pratiques durables et L’autodétermination des communautés locales.

Selon Stéphane Cieniewski, conseiller pour l’environnement et le climat à la Direction générale du Trésor : 

Ce projet est un bel exemple de l'Alliance pour la conservation des forêts tropicales que la France a contribué à lancer en 2019 avec une triple stratégie : préserver, restaurer et gérer durablement les forêts et leurs écosystèmes. Pour atteindre ces objectifs, nous devons trouver des solutions concrètes à nos problèmes communs, non pas en cloîtrant les forêts tropicales, mais en impliquant les peuples autochtones et les communautés locales (PACL) qui vivent dans la forêt et en sont issus, et qui en sont les premiers gardiens.

Réserves vitales amazonie

 

Le projet a déjà fait des progrès significatifs : 

  • En Équateur : Le projet joue un rôle crucial dans le soutien au territoire Achuar. Grâce Fonds Socio Bosque (un programme national d’incitation à la conservation), des incitations financières sont fournies à 11 communautés Achuar qui garantissent la conservation d’environ 184 018 hectares de forêts primaires, bénéficiant à plus de 1 500 personnes. De plus, le projet renforce l’organisation de la nationalité Achuar (NAEdans sa gestion transparente des ressources. Un comité technique, composé de représentants du ministère de l’Environnement, de la NAE et de Conservation International (CI), supervise ces efforts. Cette année, le projet s’est également concentré sur la planification financière pour améliorer la gestion, la surveillance et la gouvernance locale, dans le but d’augmenter la contribution du Fonds Socio Bosque au territoire Achuar.
  • Au Guyana : Le projet participe activement à l’établissement du mécanisme Nature et Opportunité pour le Développement (NOD). Ce programme est spécifiquement conçu pour soutenir les PACL dans la consolidation de pratiques respectueuses de l’environnement, telles que l’agriculture durable, la conservation et le tourisme communautaire. Le programme NOD offre des subventions, une assistance technique et des partenariats pour renforcer les PACL. L’objectif ultime est de créer une entité autochtone autonome et durable. 
  • En Bolivie : Le projet soutient les communautés de Bajo Madidi et prévoit notamment la mise en place d’un mécanisme d’épargne axé sur la commercialisation des noix du Brésil. Il devrait permettre aux communautés de bénéficier de retombées économiques directes tout en contribuant à la conservation de la biodiversité.
  • Au Pérou : L’étude continue de trois fédérations autochtones - FECONA, FECOIBAP et FECONAFROPU - est une étape cruciale. Comprendre leurs structures organisationnelles et identifier leurs besoins en capacité et en gestion permet au projet d’adapter son soutien de manière efficace. La conception du pilote d’un mécanisme de financement durable, prévue pour ce mois-ci est prometteuse. L’objectif souhaité est que ces fédérations prennent en charge la gestion du mécanisme financier, garantissant sa pérennité et l’appropriation communautaire.

 

Réserves vitales amazonie

 

Un événement régional sera organisé fin de 2024. Il réunira divers acteurs, notamment les peuples autochtones et les organisations spécialisées dans la finance durable. Les objectifs principaux sont l’échange d’expériences, le renforcement des mécanismes en cours de développement, l’amélioration de la collaboration, et la recherche de solutions de financement pour la conservation. L’implication des peuples autochtones et des communautés locales (PACL) dans les discussions sur les moyens de subsistance durables et la gestion territoriale sera centrale lors de cet événement.