« Notre stratégie porte déjà ses fruits et témoigne de notre rôle précurseur »: interview avec Stéphanie Bouziges-Eschmann

publié le 05 Juillet 2021
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PiráParaná3
À mi-parcours du cycle stratégique 2019-2022, la secrétaire générale du FFEM dresse le bilan positif d’une première moitié d’exercice réussie. Elle revient sur la méthode et le rôle précurseur du FFEM, centrés sur l’innovation et la diffusion de solutions, et évoque la nécessité de toujours renforcer la transversalité de son action, pour améliorer la résilience des écosystèmes et des populations.

BOUZIGES ESCHMANN StephanieDSC_3766©AFD  Stéphanie Bouziges-Eschmann, secrétaire générale du FFEM

* Cet article a été publié comme édito dans le rapport annuel du FFEM 2020 – 2021

Depuis que le FFEM existe, les fondamentaux de la crise environnementale n’ont pas changé. Mais ils se sont exacerbés, et le contexte dans lequel nous agissons a évolué. Les rapports de l’IPBES et du GIEC montrent bien l’urgence. Leurs constats scientifiques sont sans appel : nous sommes en train d’atteindre un point de non-retour. La prise de conscience se généralise dans nos sociétés, mais aussi parmi les acteurs et financiers du développement. Elle s’est trouvée encore renforcée par la pandémie de Covid-19. Nous devons nous appuyer sur cette prise de conscience pour accélérer notre action et consolider notre stratégie.

Il y a 25 ans, au moment de la création du FFEM, l’aide au développement était centrée sur les aspects socio-économiques. L’innovation proposée par le FFEM a été de croiser les objectifs du développement et de la préservation de l’environnement. Les projets qu’il soutient ont cette particularité de répondre simultanément à plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) et de s’appuyer sur une forte dynamique partenariale. Aujourd’hui, le contexte sanitaire, qui fragilise davantage certains territoires et certaines populations, nous pousse à renforcer encore les impacts de nos projets sur plusieurs ODD, pour augmenter leur résilience.

À mi-parcours de notre cycle stratégique 2019-2022, qui a vu nos moyens accrus de 30 %, et malgré la pandémie, un tiers des financements de projets du cycle stratégique sont engagés et un tiers sont en instruction. Dans un contexte où la mobilisation des bénéficiaires ne cesse d’augmenter, nous n’aurons aucun mal à engager le tiers restant d’ici 2022. Cela a été rendu possible par un véritable effort d’adaptation de nos partenaires et bénéficiaires sur le terrain, et par une série de mesures pour éviter de ralentir l’instruction des projets.Notre stratégie 2019-2022 porte déjà ses fruits et témoigne de notre rôle précurseur. L’approche « One Health », que le FFEM soutient depuis plusieurs années (cf p.28), a vu sa pertinence démontrée par la crise sanitaire. Nous avons également su anticiper la recherche de solutions à des problématiques environnementales majeures via des projets de solutions fondées sur la nature en zone côtière, des projets de lutte contre la déforestation importée, des projets en haute mer, un appel à projets sur les polluants chimiques et les déchets dangereux.

" Si c’est par les projets pilotes et l’exploration de solutions que le FFEM se distingue, c’est avec le passage à l’échelle des innovations réussies que nous accélérerons notre action." 

Il sera primordial de mettre l’accent sur ce point dans les deux ans qui viennent, et le FFEM s’en donne les moyens en renforçant la capitalisation (cf p. 19). Pour cela, nous pourrons nous inscrire dans l’élan du momentum international, avec le Congrès mondial de la nature de l’UICN, la CoP15 sur la biodiversité, la CoP26 sur le climat. Ces événements seront l’occasion de revenir sur les enseignements croisés des projets soutenus par le FFEM, de donner la parole à nos bénéficiaires, à nos partenaires, aux acteurs de terrain. Car ce sont eux qui sont au cœur des solutions répondant aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques des territoires. Et ce sont eux qui seront les plus à même de convaincre leurs homologues de s’en inspirer.

Enfin, toujours avec le même esprit d’anticipation, nous allons nous projeter sur le prochain quadriennum 2023-2026. Notre objectif est de pour poursuivre la stratégie d’engagement du FFEM en faveur de l’innovation pour la préservation de l’environnement et le développement durable, tout en capitalisant sur les enseignements des projets passés.