*Propos recueillis par le FFEM, en août 2023, à l’occasion de la publication de son rapport d’activité 2022-2023.
- Racontez-nous votre rôle au GEF.
Claude Gascon Au sein du GEF je suis responsable de l’octroi des subventions et de la programmation des ressources aux pays bénéficiaires. Auparavant j’ai été vice-président exécutif et directeur scientifique de la National Fish and Wildlife Foundation de 2010 à 2015. Mes sujets de recherche portent notamment sur la biodiversité amazonienne. J’y ai commencé ma carrière professionnelle en tant que directeur de projet et coordinateur scientifique du projet de dynamique biologique des fragments forestiers (BDFFP) pendant six ans.
- La lutte contre la déforestation (identification de solutions, financements…) fait partie de vos principales missions, pourriez-vous nous en dire plus ?
Le mandat du GEF est de fournir des bénéfices environnementaux mondiaux liés à de nombreux secteurs environnementaux tels que la biodiversité, le changement climatique et la dégradation des terres. La déforestation dans les régions tropicales est l’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité, elle entraîne par ailleurs une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et une dégradation des terres et des sols.
Lutter contre la déforestation implique d’identifier des alternatives à l’extraction forestière et à la déforestation pour répondre aux besoins des sociétés. Notre action se trouve donc au carrefour de plusieurs secteurs : l’agriculture, les chaînes d’approvisionnement en produits de base, l’urbanisation… Un dernier axe consiste à fournir des ressources aux pays pour développer des technologies de gestion des paysages.
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- Quelle est, selon vous, la complémentarité entre le GEF et le FFEM ? Comment s’illustre-t-elle dans les projets que vous soutenez ensemble ?
La collaboration entre les deux organisations se concrétise sur le terrain depuis le début du GEF. Le tout premier projet financé conjointement par le GEF et le FFEM remonte à 1995 avec pour objectif de lutter contre la déforestation tropicale causée par l’agriculture itinérante sur brûlis en Afrique. Depuis, de nombreux projets se sont succédé en Afrique et en Amérique latine. Le FFEM apporte un réseau d’acteurs clés (experts, ONG et institutions de recherche), et peut également aider à articuler des investissements avec l’Agence Française de Développement (AFD).
Notre coopération va particulièrement se renforcer dans les années à venir dans le cadre du nouveau GEF-82 qui offre des domaines de collaboration clés tel que le Programme intégré : « Amazone, Congo et biomes forestiers critiques » qui est particulièrement prometteur. Doté d’environ 300 millions de dollars, il est centré sur la conservation des forêts primaires les plus précieuses au monde à travers une meilleure gouvernance, la lutte contre la déforestation, le développement d’activités économiques durables et la prise en compte des droits des peuples autochtones. Il est donc très cohérent avec l’ambition et les investissements du FFEM, à l’image du projet TerrIndigena.
Enfin, nous identifions d’autres domaines de coopération tels que les programmes intégrés du GEF « Conservation de la faune pour le développement », « Océan propre et sain », « Villes durables », « Solutions circulaires à la pollution plastique » et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité.
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- Vous recommandez le déploiement de deux solutions « le crédit carbone à impact biodiversité » et « les certificats de nature » pour contribuer à la conservation des espaces forestiers, quels projets communs pourraient servir cet objectif ?
Des efforts concertés sont nécessaires pour combler l’important déficit de financement de la biodiversité à l’échelle mondiale. Dans le cadre du One Forest Summit de mars 2023, le GEF a présidé un groupe de travail international entièrement dédié à cet objectif. Le GEF et le FFEM, qui considèrent tous deux les outils de financement innovants en faveur de la biodiversité parmi leurs priorités stratégiques, seront certainement conduits à collaborer dans la mise en œuvre des recommandations du groupe de travail. Compte tenu du rôle du FFEM pour catalyser l’innovation, cette collaboration pourrait en effet inclure des projets pilotes sur des instruments émergents tels que les crédits carbone à impact biodiversité ou les certificats de nature, tout en veillant à la consolidation de la gouvernance, des cadres institutionnels et politiques, à l’appropriation locale, et aux conditions permettant un passage à l’échelle.