L’importance de ces capitalisations réside dans leur capacité à apporter des réponses concrètes aux défis environnementaux actuels. En combinant expertise, analyse, évaluation et capitalisation des connaissances, le FFEM vise à stimuler l’innovation et à orienter les politiques et les actions en faveur de l’environnement. Dans le cadre de sa stratégie, le FFEM adopte une approche diversifiée en matière de capitalisation, mettant en œuvre plusieurs formats tels que la capitalisation croisée entre plusieurs projets ou programmes, la capitalisation in itinere réalisée au fil de l’exécution des projets et la capitalisation ex post effectuée après leur achèvement. Ces nouvelles approches permettront de tirer des enseignements précieux des projets entrepris et d’assurer leur diffusion à grande échelle.
Dans son discours d'ouverture, Clémentine Dardy, responsable évaluation-capitalisation et approche villes et territoires au FFEM, a souligné l'importance de l'évaluation-capitalisation dans l'approche du FFEM.
Pour nous, l'évaluation est le moment où nous faisons le bilan des projets, évaluons leur cohérence et leur pertinence par rapport aux canevas à l’échelle internationale. La capitalisation c’est une autre démarche où l’on essaie de réfléchir au bilan, aux enseignements et aux leçons qu’on en tire
précise Dardy. Elle a également souligné l'importance de la communication sur l'impact des projets financés et de l'apprentissage collectif tout au long du processus.
Ensuite, la table ronde s'est déroulée en deux sessions thématiques, structurées autour de présentations et de discussions sur les résultats des deux nouvelles capitalisations menées par le FFEM.
La première partie de la table ronde a abordé la capitalisation des connaissances en mettant l'accent sur les forêts d'Afrique centrale. Ces forêts tropicales, qui s'étendent sur près de 200 millions d'hectares, représentent le deuxième plus grand massif continu de forêts denses humides après l'Amazonie. Elles jouent un rôle crucial en tant que réservoirs de carbone et de biodiversité, soutenant les moyens de subsistance de 60 millions de personnes et apportant une contribution économique significative en termes de création de richesses, d'emplois et de recettes fiscales pour les Etats.
Aurélie Ahmim-Richard, responsable forêts et agriculture durables au FFEM, a mis en avant l'engagement du FFEM en faveur de la gestion durable des forêts en Afrique centrale. Elle a souligné que l'exploitation forestière durable représente le meilleur équilibre entre la préservation des forêts, la réponse aux besoins des populations et le développement économique.
Depuis de nombreuses années, le FFEM, en collaboration avec l'AFD et d'autres bailleurs de fonds, accompagne les politiques de gestion durable des forêts dans les pays d'Afrique centrale. Mais les normes d'exploitation ont été établies à une époque où les connaissances sur le fonctionnement écologique de ces forêts étaient limitées. Afin de mieux gérer ces forêts, il est devenu de plus en plus nécessaire de bien comprendre leur fonctionnement
, observe Ahmim-Richard.
La deuxième partie de l'événement a été consacrée à la thématique de la nature en ville en Amérique latine en mettant l’accent sur deux projets à Santa Fe et à Guatemala City. Guillaume Josse, urbaniste et directeur des projets du bureau d'études Groupe HUIT, a souligné l'importance de la capitalisation pour faciliter les échanges entre le contexte spécifique de chaque ville et les enjeux urbains universels. Pour Josse,
travailler sur la nature en ville revient à travailler sur l'ensemble de la ville et à toucher tous les secteurs : santé, économique, règlementation, politique etc. Cela implique de passer de l’ingénierie urbaine à l’écologie urbaine.
Il a également souligné le défi consistant à concilier la protection ou l'intégration de la nature en ville avec la dynamique économique prédominante.
La table ronde s'est conclue avec une intervention de Sébastien Treyer, Directeur de l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) et Président du Comité Scientifique du FFEM. Treyer a souligné l'importance de la capitalisation dans la nouvelle stratégie du FFEM pour les années à venir.
Au FFEM ce qui nous intéresse c’est de pouvoir miser sur des innovations qui produisent des co-bénéficies en matière de climat, biodiversité et développement qui ne seraient pas explorées ailleurs afin d’en en tirer des leçons pour réussir à déclencher la transition dans d’autres territoires, dans d’autres secteurs ou à l’échelle du secteur. C’est là tout l’intérêt des projets qu’on a entendu aujourd’hui en matière de capitalisation
explique Treyer.
Tout ce qui a été discuté sur la forêt, la biodiversité et la nature en ville sont des éléments importants pour les négociations internationales auxquelles participe le FFEM
déclare-t-il.
Pour le FFEM, innover dans les méthodes de transmission des connaissances est également un marqueur fort de la capitalisation. Les porteurs de projets sont directement impliqués dans le processus, ce qui permet une approche participative et une meilleure appropriation des résultats. Cette démarche vise à maximiser l'impact des projets et à encourager leur reproduction dans d'autres contextes.
Animée par Anna N'Diaye, journaliste et réalisatrice, la table ronde a réuni des experts, des chercheurs, des représentants du secteur public et privé, ainsi que des acteurs de terrain impliqués dans 2 projets de nature en ville en Amérique latine et de gestion durable des forêts en Afrique centrale, avec :
- Stéphanie Bouziges-Eschmann, secrétaire générale du FFEM
- Janique Etienne, responsable océan - villes durables et solutions fondées sur la nature au FFEM
- Anis Chakib, consultant du bureau d'études Salvaterra
- Guillaume Josse, urbaniste et directeur des projets du bureau d'études Groupe HUIT
- Jean-Louis Doucet, professeur de foresterie tropicale à l'Université Gembloux Agro-BioTech
- Eric Forni, représentant du CIRAD au Congo
- David Zakamdi, directeur gestion durable de la société forestière Precious Woods Gabon
- Luciana Manelli, directrice adjointe du pôle évaluation environnementale à la municipalité de Santa Fe
- Pablo Capovilla, guide-interprète de la nature de la réserve naturelle urbaine de l'Ouest de Santa Fe
- Emiliano Lopez, professeur et chercheur de la faculté d'ingénierie et sciences hydriques de l'université du Litoral de Santa Fe
- Karen Aguilar, directrice de l'aménagement du territoire et de l'atténuation des changements climatique à FUNDAECO
- Thomas Henry, président de l’intercommunalité Gran Ciudad del sur
- Vida Amor De Paz, journaliste et auteure de livres sur le changement climatique.