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Des outils de conservation et un partage plus équitable des bénéfices de la recherche en haute mer

André Abreu revient sur les enjeux de la coopération entre le FFEM et la Fondation Tara Océan, alors que s’ouvrait en juin la 3e Conférence des Nations unies pour l’océan (UNOC), à Nice.

Entretient avec André Abreu, directeur des affaires internationales de la Fondation Tara Océan

Pourquoi la haute mer – située au-delà des juridictions nationales – est-elle devenue un enjeu si important ?

La haute mer, qui couvre 70 % des océans, demeure quasi inexplorée. Nous connaissons moins de 5 % des espèces qui y vivent. Or, jusqu’ici, aucun cadre juridique ne permettait d’éviter que les autres espèces disparaissent avant qu’on ne les découvre. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer, ratifiée en 1994, porte davantage sur les frontières maritimes et les droits de passage. Face aux menaces que représentent le réchauffement climatique, les pollutions et la surpêche, il devenait nécessaire de se doter d’un texte complémentaire pour protéger cette biodiversité.

Que va changer le Traité sur la conservation de la biodiversité en haute mer (dit « BBNJ ») ?

Ce texte, adopté en 2023, propose la mise en place d’outils de gestion par zones (aires marines protégées, etc.) avec des modèles inédits de gouvernance, à la fois internationaux et nationaux. Il va aussi améliorer l’accès des pays du Sud aux coopérations scientifiques en renforçant leur capacité à mener des recherches en mer. Tout cela sera financé par un fonds spécial alimenté par les pays signataires et par un mécanisme de partage des bénéfices : pour tous les produits commercialisés grâce à une découverte faite en haute mer (un médicament contenant une molécule de phytoplancton, par exemple), les entreprises devront verser une contribution.