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L’écoconstruction : une action de long terme du FFEM pour construire autrement et passer à l’échelle
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Le secteur du bâtiment représente un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Entre urgence climatique, explosion démographique et innovations locales prometteuses, le secteur du bâtiment doit se réinventer. À l'heure de la COP30, des 10 ans de l’Accord de Paris et de la récente signature de la Déclaration de Chaillot par 70 pays, la série de 3 webinaires « Les Jeudis de l’écoconstruction » a permis au FFEM et à l’AFD d’explorer, aux côtés d’acteurs internationaux, les solutions concrètes pour transformer une pratique encore marginale en moteur de résilience, d’emploi et de réduction massive des émissions.
3 leviers essentiels pour transformer cette pratique encore « alternative » en solution incontournable et systémique
A titre d’exemple en Afrique subsaharienne, les défis sont immenses : 230 millions de logements à construire d'ici 2030, une population dont 70% a moins de 30 ans et une urbanisation galopante. Malgré quinze années de programmes innovants soutenus par le FFEM notamment dans ces territoires, l'écoconstruction reste en marge du secteur et fait face à divers freins pour devenir une solution à grande échelle.
Ces 3 webinaires ont identifié 3 leviers essentiels pour transformer cette pratique encore « alternative » en solution incontournable et systémique.
- Normaliser sans freiner l'innovation. Des guides de bonnes pratiques aux certifications adaptées au contexte africain, les experts ont montré comment objectiver la performance des matériaux biosourcés tout en préservant la créativité locale et les savoir-faire traditionnels. Les analyses du cycle de vie révèlent des résultats spectaculaires : jusqu'à 88% de réduction d'empreinte carbone par rapport aux méthodes conventionnelles. Cette transformation quantifiable ouvre la porte à une reconnaissance institutionnelle indispensable.
- Former à tous les niveaux. Des chantiers-écoles de Mauritanie aux Masters de Madagascar, une nouvelle génération émerge dans les différents métiers de l’écoconstruction et se professionnalise. La Voûte Nubienne forme des artisans dans les zones rurales en phase avec le calendrier agricole local ; le référentiel européen ECVET certifie désormais les compétences en écoconstruction dans onze pays. Ces initiatives créent des emplois verts dans les territoires les plus vulnérables.
- Changer l'image et les perceptions. Francis Kéré, Prix Pritzker 2022, et Anna Heringer, Prix Obel en 2020, prouvent que construire en terre peut être beau, moderne et confortable. Des projets comme l'éco-cité sénégalaise de 110 hectares, porté par la SAFRU, démontrent que l'écoconstruction répond aux aspirations contemporaines des habitants et des investisseurs. La qualité architecturale, thermique et la faible consommation énergétique deviennent des arguments de vente puissant.
Les messages clés des 3 webinaires
L'écoconstruction n'est pas un choix dogmatique ou militant cantonné à des projets pilotes. Elle s’impose comme une réalité économiquement viable, climatiquement nécessaire et socialement porteuse. Elle crée des emplois locaux, renforce la résilience des communautés face aux chocs climatiques, valorise les savoir-faire vernaculaires autant que des innovations et s'inscrit dans une dynamique de développement territorial inclusif.
Enfin, l’écoconstruction n’est pas un modèle « standardisé » car par nature elle s’appuie sur les ressources et matériaux locaux et les adapte aux réalités climatiques, géologiques mais également culturelles. Ce qui est aujourd’hui un frein à son adoption par le secteur du bâtiment conventionnel, est aussi son principal atout pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES et l’empreinte environnementale de la construction.
Cette série de webinaires a bénéficié du soutien et de l'expertise de nombreux partenaires et acteurs engagés. Nous remercions sincèrement les divisions EDU et EGI (via le PEEB) de l'AFD, l'ADEME, la Global Alliance for Buildings and Construction, UN-Habitat, le PNUE, la Fédération des architectes francophones d'Afrique, la SAFRU, Habidem, le Goethe Institut, le bureau d’architecture et d’ingénierie Chiwara Project (lauréat international des Green Solutions Awards 2024–2025 organisé par Construction21), l'agence de conseil et d’ingénierie BioBuild Concept, l'Association Voûte Nubienne, le centre de recherche et de formation CRAterre, l'Agence d'Architecture et de Recherche MBN (AARMBN) et l'association Architecture & Développement pour leur participation active aux discussions lors des différentes sessions et pour avoir enrichi ce cycle de leurs perspectives, retours d'expérience et visions pour l'avenir du bâtiment durable en Afrique et au-delà.
Retrouvez la Bibliographie ÉCOCONSTRUCTION
Les projets évoqués lors des webinaires