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Table ronde sur la finance carbone du 21 janvier
Le 21 janvier dernier à Paris, le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) a organisé un évènement hybride à Paris pour marquer la publication de son ouvrage de capitalisation Cap’ Sur la finance carbone : un levier pour un avenir durable. Réunissant sous un format hybride près de deux cents participants ainsi que des experts et porteurs de projets, cet événement a permis d’explorer les enjeux cruciaux et les perspectives de la finance carbone.

Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) et Président du Comité Scientifique et Technique du FFEM, a introduit l’événement en rappelant le potentiel de la finance carbone dans les pays du Sud et l’intérêt de s’interroger sur les critères assurant des projets de qualité.

L’ouvrage de capitalisation, issue d’une sélection de projets de préservation de la forêt et de restauration de mangroves soutenus par le FFEM au cours des 15 dernières années et qui se sont engagés dans la génération de crédits carbone, et les huit recommandations qui en découlent, ont été présentés par Tatiana de Liedekerke du cabinet conseil Hamerkop Climate Change & Finance.

Plusieurs partenaires participaient à la table ronde pour illustrer les enseignements de leurs projets. Aissa Regalla, directrice de l’Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées de Guinée-Bissau, et Didier Monteiro, directeur général du Fonds Fiduciaire de Conservation Bioguinea, ont exposé comment le mécanisme financier de Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts (REDD+) a renforcé la conservation des mangroves en palliant au manque de financement public et en engageant les communautés locales grâce à une répartition des bénéfices.

La REDD+ est un élément innovant du portefeuille de l’IBAP, qui vise aujourd’hui à s’assurer un financement durable. La REDD+ intervient pour accorder plus d’engagement des communautés via le partage direct des bénéfices, et elle aide à renforcer la capitalisation des fonds de dotation de la fondation, ce qui assure un financement pour l’avenir. 

, explique Didier Monteiro.

 

Matthieu Tiberghien, co-directeur de l’ONG Nitidae, a partagé son expertise sur la création d’un corridor écologique à Madagascar pour lutter contre la déforestation, liée principalement à l’agriculture de subsistance, et préserver la biodiversité, tout en soutenant les populations locales. La mise en place de la REDD+ présente selon lui, et en accord avec d’autres intervenants, des obstacles importants liés à la volatilité et à la complexité des processus politiques nationaux et des cadres de la coopération internationale. Ainsi, elle ne doit pas encore être perçue comme un moyen de financer le développement d’un territoire, mais comme un outil d’impulsion et de rationalisation à l’échelle du projet.

L’approche programmatique de la REDD+ permet de définir un cadre d’intervention qui combine des actions à la fois sectorielles et territoriales, avec l’utilisation d’outils modernes ou plus classiques. La finance carbone reste un très bon moyen de valoriser les résultats qui peuvent être obtenus dans ces projets. Sans financement public, elle peut couvrir sans problème des coûts récurrents de surveillance de l’aire protégée, voire plus si le projet génère beaucoup de crédits.

, conclue Matthieu Tiberghien.

 

Cependant, les discussions n’ont pas éludé les défis que pose la finance carbone. Dejdjiga Kachenoura, Experte Finance Carbone au sein de la direction exécutive de l’Innovation, de la Stratégie et de la Recherche de l’Agence française de Développement (AFD), a notamment souligné les lacunes en matière de régulation et d’intégrité des marchés. Elle a insisté sur l’importance d’aligner les crédits carbone sur des objectifs de développement concrets.

La stratégie vis-à-vis de la finance carbone de l’AFD et du FFEM doit s’orienter vers des projets qui parviennent à lier la finance carbone avec des objectifs de développement. Le crédit carbone doit donner corps à ce lien. 

, préconise-t-elle.

 

Cette réflexion a trouvé écho dans les interventions de Stéphanie Bouziges-Eschmann, Secrétaire Générale du FFEM, et de Mathilde Bord Laurans, responsable de la division Climat et Nature de l’AFD, qui sont revenues sur la place de la finance carbone dans les stratégies respectives du FFEM et de l’AFD.

S’agissant du FFEM, il a été question de réaffirmer à la fois son rôle précurseur par le financement de projets pilotes, et son rôle de préconisation par les orientations issues des travaux de capitalisation. Le FFEM cherche à maximiser l’impact social, économique et environnemental de la finance carbone, via des exigences très fortes concernant le choix des projets qu’il soutient, tels que leur certification selon les meilleurs standards internationaux, un suivi-évaluation robuste, une gouvernance partagée et équitable des projets, la répartition juste et transparente des bénéfices, et l’intégrité des acheteurs.

 

                                                                                                                                                                   

 

Mathilde Bord Laurans est revenue sur la ligne stratégique de l’AFD, qui met l’accent sur le développement de la capacité des pays à maîtriser leur stratégie vis-à-vis des marchés carbone en complément de leur stratégie nationale de décarbonation, afin de garantir un fonctionnement cohérent de ce système international.

Pour conclure, Thomas Melonio, Chef économiste et Directeur exécutif de l'Innovation, de la Stratégie et de la Recherche de l’AFD a mis l’accent sur la nécessité de structurer le marché du carbone à plusieurs échelles, tout en valorisant les efforts menés au niveau des projets locaux. Il a rappelé que ces initiatives constituent la base indispensable pour un futur système de finance carbone cohérent et efficace.

Il ne faut pas minimiser le travail qui est fait à l’échelle projet, car c’est le fondement de la pyramide. Le travail que l’on fait aujourd’hui de prospective et de réflexion sur la structuration au long-terme de la finance carbone est très important pour mobiliser les pays, afin de combler l’écart qu’il y a encore aujourd’hui dans les accords internationaux et ce qui est nécessaire pour structurer le marché. 

, appui-t-il.

 

Animée par Maëlis Borghese, responsable Évaluation et Capitalisation du FFEM, cette table-ronde a permis d’affirmer le rôle du FFEM comme pionnier dans le domaine de la finance carbone et d’alimenter une réflexion collective sur son impact environnemental et social au service des objectifs de développement durable.

La capitalisation occupe une place centrale dans la stratégie du FFEM.  En produisant des ouvrages de référence et en organisant des échanges comme la table ronde du 21 janvier, le FFEM permet de diffuser les enseignements et les bonnes pratiques des projets soutenus, mais contribue également à orienter les politiques publiques vers des approches durables et adaptées aux défis environnementaux.